Punk musette #4 : le bebop
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L'épisode de Punk musette consacré au bebop. Si la théorie musicale concernant les accords vous intéressent, regardez cette vidéo de Vox : https://www.youtube.com/watch?v=62tIvfP9A2w.
Avant, quand on écoutait du jazz, ça ressemblait à ça :
Extrait : Chick Webb & his orchestra avec Ella fitzgerald - A tisket a tasket
Ça c'est Chick Webb et son orchestre, accompagnés au chant par Ella Fitzgerald. Ils jouaient A tisket a tasket, un tube du jazz dans son époque du swing et du big band. Le swing, c'est ce qui donne envie de danser, car cette musique était faite pour ça. Et la danse elle-même s'appelait aussi le swing. Le big band, c'est l'orchestre. On jouait à l'époque avec une dizaine de musiciens, dont à la mélodie, plusieurs trompettes, trombones et saxophones. Les mélodies étaient arrangées pour ces instruments en de belles harmonies entre eux, entrecoupées de quelques solos. Un piano, une contrebasse et une batterie venaient donner le rythme à la composition.
Au début des années 40, c'est la rébellion : marre de faire de la soupe toujours arrangée de la même manière, certains musiciens veulent pousser leur art dans ses retranchements et démontrer leur virtuosité à leur instrument. Si vous pensez que le jazz est une musique élitiste, c'est peut-être à cause du bebop. À l'opposé des styles populaires qui l'ont précédé, le bebop est destiné à plaire aux musiciens avant tout, et il est difficile à appréhender complètement pour qui ne connaît pas la théorie musicale. Pour créer le bebop, les musiciens vont reprendre quelques éléments du swing mais envoyer valser la plupart d'entre eux. Pour commencer, on augmente le tempo. Les moins bons musiciens de swing ne pourront pas se hisser au niveau d'un jeu beaucoup plus rapide, surtout que d'autres contraintes seront ajoutées à ce tempo furieux. Pour donner le rythme, on garde une mode du swing ces dernières années : marquer les temps à la batterie, non plus avec les fûts, mais avec les cymbales. Écoutez la vitesse de celles de Max Roach dans Swingin', interprétée avec Clifford Brown.
Extrait : Clifford Brown Swingin'
Au bebop, adieu les big bands, on se contentera d'un joueur de saxophone, d'une seule trompette et on garde la section rythmique piano-contrebasse-batterie. Et finis les arrangements, on veut mettre en avant le talent individuel des musiciens grâce aux solos. Dans une chanson typique du bebop, le groupe va commencer par une mélodie commune, puis chacun enchaînera sur un solo improvisé sur des accords plus ou moins typiques du jazz. Après l'improvisation de tout le monde, on joue à nouveau ensemble la mélodie originale, et c'est la fin de la chanson. Voici la mélodie et le début du premier solo de Dizzy atmosphere par Dizzie Gillespie et Charlie Parker
Extrait : Dizzy atmosphère
Il ne suffit pas de jouer vite et d'improviser n'importe comment pour être un bon musicien de bebop. L'improvisation est contrainte par des règles draconiennes : les changements d'accords. Derrière le solo, la section rythmique joue des accords que doit respecter le soloïste en ne jouant que certaines notes en lien avec cet accord. La l'enchainement est connu à l'avance, mais les accords changent à chaque mesure, voire souvent à chaque demi-mesure. Et aux tempos que s'imposent les musiciens, cela ne laisse pas plus que quelques secondes à jouer avant de devoir changer d'accord et donc de sous-ensemble de notes autorisées. L'épreuve est difficile et plaît au musicien. En revanche, elle fait souvent fi de l'harmonie globale de la chanson, et l'oreille qui les écoute n'est pas toujours habituée à ces sonorités. Le solo qui suit de Sonny Rollins dans Tenor madness pourrait vous gratter l'oreille par moments.
Extrait : Sonny Rollins - Tenor madness
On finit sur un monument du bebop : la chanson de David Coltrane Giant steps, littéralement des pas de géants. Elle est nommée ainsi pour désigner l'écart énorme entre les accords qu'il a enchaînés. Il est difficile d'entendre et d'expliquer la performance du morceau que l'on va écouter. Mais si vous parlez anglais je vous recommande de regarder la vidéo "The most feared song in jazz" du media Vox : https://www.youtube.com/watch?v=62tIvfP9A2w . Elle explique les progressions d'accords habituelles et celles inhabituelles qu'a créé Coltrane en composant ceci.
Extrait : David Coltrane - Giant steps
32 tập